A l'entrée des gorges du Seyon, le château de Valangin, par sa double muraille et sa demeure, a transformé le rocher sur lequel il s'implante en un artefact à l'échelle des éléments naturels environnants, à savoir la rivière, les forêts et les pâturages. Cet ensemble "impur", résultat d'une série de transformations et d'interventions à des époques diverses, donne une image unitaire saisissante. Celle-ci est due essentiellement à l'homogénéité des matériaux et aux éléments structurants que sont les murs d'enceinte. Les deux rubans de pierre qu'ils constituent, définissent et hiérarchisent les espaces qui jalonnent le parcours d'accès au cœur du bâtiment (la demeure) selon le principe d'une succession de franchissements de "seuils" renforcés par l'épaisseur des murs à traverser et par le changement de nature des sols.

Le projet s'inscrit dans cette logique de franchissements et propose un dernier "seuil" avant d'arriver au cœur de l'ensemble. La réponse consiste en un mur de pierre, annoncé par une série de grands emmarchements. Placé devant la façade est, il joue sur l'ambiguïté entre ancien et moderne par sa mise en œuvre et sa matérialisation. L'espace créé entre le mur et le château proprement dit, permet d’assurer un parcours complet du château en résolvant les conflits des différentes circulations et parallèle- ment de faire vivre au visiteur à travers ce lieu de passage toutes les composantes du site (le rocher de la colline, l'assise irrégulière et rugueuse du château et l'omniprésence de la végétation). Cet espace est protégé des intempéries par une toiture en verre qui souligne la césure entre le mur et la demeure.